Moi, cette ancienne boulimique

Il y a quelques jours je vous disais que j’étais décidée à perdre du poids mais autrement et aujourd’hui, pour que vous puissiez mieux comprendre, je vous explique pourquoi.

En fait, peu de gens savent que j’ai souffert de cette maladie, car je l’ai caché très longtemps. D’ailleurs j’ai aussi mis très longtemps avant de prendre conscience que j’avais un problème, car cette boulimie était particulière et moins connue : j’étais une boulimique hyperphagique.

Alors pour les personnes qui ne connaissent pas, l’hyperphagique boulimique est un TCA (trouble du comportement alimentaire), comme une maladie, qui peut passer totalement inaperçue pour l’entourage. Pour ma part, c’est une cousine qui a débarqué un beau matin en me disant qu’il fallait que je me reprenne niveau poids. Oui j’avais atteint le point le plus haut, je grossissais très lentement mais de plus en plus. J’ai pas compris tout de suite mais quand j’ai pigé, ca a fait mal.

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Alors donc pour vous expliquer, une boulimique hyperphagique va dévorer tout ce qu’elle trouvera, à différents moments de la journée, par compulsion, MAIS ne se fera ni vomir, ni ne jeûnera, ni de prendra de suppositoires ou autres laxatifs pour évacuer le surplus. J’étais dépressive, mal dans ma peau, dans mon corps, mais me faire vomir, jamais de la vie, j’ai jamais pris de cuite de ma vie de peur de dégueuler, alors me faire volontairement vomir … Les seules périodes où je tolère c’est pendant les grossesses, pour la bonne cause 😉 Tout ce qui comptais étais de me remplir, pour compenser une émotion, un manque, un grand mal-être.

Pour ma part, je passais pour une gourmande, une bonne mangeuse, j’étais en léger surpoids depuis mon adolescence, alors après tout, c’était normal que je grossisse encore et encore, dans la continuité des choses. Et le plus vicieux dirais-je, c’est que je ne faisais aucune course, aucun achat exprès pour me remplir. Hors de question d’aller acheter du chocolat, mes bonbons préférés, des biscuits, des viennoiseries, et de me préparer un plateau ou un festin pour aller me gaver ensuite, non. Je n’ai jamais choisi les aliments que je mangeais pendant mes crises.

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J’étais de celle qui mangeait ce qu’il y avait dans les placards, sans aucune faim, qui ouvrait une boite de haricots verts en pleine nuit et les mangeait froids, à peine égouttés, qui pouvait avaler un demi-pot de cornichons, qui finissait le reste de pâte dans le frigo à 18h avant que mon mec de l’époque rentre du boulot. Ça passait inaperçu malgré que ça arrivait au moins une fois par jour, c’était très rapide, dans le dos des autres, parfois cachée dans les toilettes, et au pire, si j’étais prise en flag, c’était pour eux « une fringale » ou « une envie ». Ça a duré plusieurs années, jusqu’à la fin de ma dépression en 2000, quand j’ai décidé de tout arrêter, de positiver, de sourire à la vie.

Je n’ai pas consulté, vu de spécialiste, rien du tout, ou oui toute juste un médecin généraliste, j’ai juste pris ma décision et arrêté de me cacher pour manger. J’ai commencé à être heureuse, grâce à mon homme, qui connaissait non pas la maladie mais les problèmes de poids, lui qui avait dépassé les 100 kilos en étant ados et ne me jugeait pas, me trouvait belle et me soutenait, quand bien même il n’avait lui même plus aucun souci . Il m’aimais comme j’étais et ça m’a aidé.

Tout ça pour dire que cette maladie, ce trouble du comportement alimentaire, est encore trop méconnu. On connait la boulimie « classique » mais nettement moins sous la forme hyperphagique, alors que certaines études révèlent que 50% des personnes en surpoids souffrent d’hyperphagie boulimique.

Mais on a trop souvent tendance a penser que si on est gros, c’est parce qu’on le veut bien, alors qu’une personne anorexique ou boulimique qui se fait vomir, aura beaucoup plus de problèmes médicaux « qui se voient » (dents abîmées, maigreur, etc …)  et sera donc mieux entourée et prise en charge.

Donc si vous-même ou quelqu’un de votre entourage est, ou vous semble, atteint par ce trouble, sachez que le meilleur soutien est psychologique. La personne concernée a besoin d’être écoutée, soutenue, mais par dessus tout, REVALORISÉE. N’hésitez pas à consulter un thérapeute, ou une personne extérieure capable d’écouter, et de mettre des mots sur la maladie, à la nommer telle qu’elle est, à comprendre pourquoi elle est apparue, et à trouver autre chose que la nourriture pour « compenser » une mauvaise émotion.

Il faut en parler, ce n’est pas une honte, une tare et s’avouer à soi-même qu’on a un problème, pour l’affronter.

La boulimie hyperphagie n’est pas une fatalité, j’en suis la preuve, même si oui je suis gourmande et toujours en surpoids, même si j’ai bon appétit. Ces 16 dernières années, il m’est arrivé d’avoir encore des crises, tous les 2 mois, puis tous les 6 mois, 1 ans, 18 mois, de plus en plus espacées, plus rares, ma toute dernière remonte à ma fausse couche en septembre 2014, mais je ne me cache plus pour manger.

Je ne suis pas guérie, je ne sais d’ailleurs pas si c’est possible, mais je m’en suis sortie.

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Ophélie de la Beaufour Family
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Comments

13 février 2016 at 18 h 53 min

Je ne sais pas si j’avais le même trouble que toi mais j’ai eu et a toujours des gros souci avec la nourriture. Mal dans ma peau aussi je manger pour  » me sentir mieu » souvent en cachette aussi car je voulais pas que l’on me voit c’était compulsif.



    13 février 2016 at 22 h 50 min

    je pense qu’à partir du moment on l’on mange pour se sentir mieux, on a un trouble de l’alimentation. Alors si tu t’en sens le courage et surtout si tu en as envie, consulte quelqu’un, même une simple médecin généraliste et explique exactement ce qui se passe quand tu fais « une crise », sans rien oublier sans avoir honte car les soutiens existent mais seulement si tu en parles clairement. Fais le pour toi, pour te sentir mieux.



15 février 2016 at 8 h 56 min

Ton billet me touche énormément.
Je viens d’avoir mon premier rendez-vous dans une structure traitant les addictions, pour un problème d’achats compulsifs mais aussi alimentaire.

J’ai dit à la psy qui m’a reçu que je n’étais pas boulimique car je ne me faisais pas vomir ni rien…
Et en te lisant, je me retrouve dans cette boulimie hyperphagie.
Je lui en parlerais la prochaine fois…
Et je vais essayer maintenant de voir ce que je peux faire pour arrêter ça



    15 février 2016 at 9 h 54 min

    Etre boulimique ne signifie pas forcément se faire vomir.
    Certains font du sport à outrance, d’autres se gavent de laxatifs, d’autres vomissent, moi je faisais rien de tout, c’est de la boulimie sans « compensation », on se remplit c’est tout.
    Mais on met du temps avant de comprendre et pourtant, c’est bien un TCA, un trouble aussi sérieux que la boulimie « classique ».
    Oui parle en à ta psy, elle peut beaucoup t’aider à comprendre et à affronter ce pb.
    Si tu veux en parler en privé n’hésite pas.
    Bises et plein de courage, tu y arriveras 😉



15 février 2016 at 12 h 48 min

C’est un témoignage extrêmement touchant, et plein d’espoir ! Un plaisir de te lire, j’espère que tout ira bien pour toi 🙂



    15 février 2016 at 12 h 57 min

    Merçi alix. Pour moi tout va nettement mieux mais je sais que pour d’autres c’est un sujet tabou, dont on a honte alors qu’il ne le faut surtout pas.
    Témoigner est pour moi une manière d’aider ceux qui en souffrent, peut-être sans le savoir, et les encourager à demander de l’aide



15 février 2016 at 16 h 12 min

On se ressemble vraiment.. je ne connaissais pas ce terme… Je savais que j’étais boulimique, mais pas hyperphagique. Comme toi, je ne me suis jamais fait vomir… Je pense que je m’en suis sortie en partie aussi, mais comme toi, il y a quelques crises qui reviennent de temps en temps.
Merci pour ton témoignage 🙂



    15 février 2016 at 16 h 53 min

    je pense que de toute façon on en guérit jamais totalement, mais que l’on s’en sort, et que les crises s’espacent.
    Maintenant tu sais ce que tu avais, et si un jour ça se reproduit, bah tu penses à moi et tu penses à ce que je ferais.
    Parfois les émotions sont trop fortes et on y arrive pas, alors la crise arrive mais faut pas culpabiliser et se dire que c’est un accident, que demain on se reprendra et que tout ira mieux <3
    Bises et à tout bientôt niya



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